La Carretera Australe, la route 7 mythique qui emmène le voyageur au bout du bout du Chili du Sud par la route. Pas de boucle possible dans les derniers 250 km. On la prend dans un sens et on la remonte ensuite. Si on veut continuer plus loin au Sud, il faut prendre les quelques ferrys qui relient les habitants de ces contrées peu peuplées au « reste du monde ». Il est possible de descendre plus bas mais il faut alors passer par L’Argentine. Les territoires sud de ces deux pays sont bien imbriqués. 

Le dernier village de cette Carretera australe est Villa O’Higgins, qui sera notre dernière étape, à quelques 100 km de Caleta Tortel où nous avons fait halte. 


Ah... Caleta Tortel...un des plus beaux villages du Sud Chili selon notre guide de voyage. Malgré les km, j’ai pu convaincre Paul de nous y rendre. Nous n’avons pas été déçus du voyage. Déjà le passage de la frontière Argentine-Chili fut épique car nous avons loupé la petite piste nous menant au poste frontière chilien. Sous la pluie, un vent violent et glacial et sur une piste fort glissante de montagne, nous n’en menions pas large. Demi tour en zone sécurisée, descente à faible allure et nous voilà enfin au Chili. Nous traversons la superbe vallée de Chacabuco, vraiment magnifique et traversons le parc national Patagonia. Nous sommes entourés de montagnes aux sommets enneigés, la piste scindé en deux une végétation luxuriante, les guanacos sont nombreux dans cet éden. Nous ne regrettons pas les km...


Aaah Caleta Tortel... nous y voilà presque, après une petite halte à Cochrane où nous avons pu refaire le plein alimentaire car il faut savoir que toutes les denrées animales et végétales fraîches sont interdites et donc confisquées lors du passage de la frontière chilienne. 

Sur la piste, longue de 128 km qui relie Cochrane à Caleta Tortel, que nous avons parcourue à du 40 km/h, nous avons dépassé quelques courageux voyageurs à vélo. On leur tend chaque fois le pouce car nous sommes complètement admiratifs de leur exploit. Eux aussi veulent aussi faire partie du mythe de la Carretera Australe !


Aaaaah Caleta Tortel... Nous y sommes ! Et voilà LA place village qui est aussi LE seul et unique parking de Tortel où sont stationnées les voitures des villageois ainsi que celles des quelques touristes alléchés qui tentent (vainement) de s’y garer. Le soir, il n’y a pas assez de place pour tout le monde : certaines vieilles guimbardes squattent un emplacement depuis de nombreuses années sans bouger d’un iota au vu de la végétation qui pousse en dessous du châssis. Impossible pour quiconque d’aller plus loin en voiture. La route s’achève ici. De ce parking, de cette place centrale, nous découvrons sur un coteau ensoleillé un nouveau quartier dont les maisons toutes identiques sont reliées entre elles par un réseau de passerelles en bois. Très étonnant ! Nous nous dirigeons de l’autre côté et avançons sur une passerelle en bois qui nous mène vers des maisons plus anciennes, construites sur pilotis, aux toits de tôle. Le terrain semble marécageux et descend vers la baie ; on ressent très fort une humidité tenace. Nous nous aventurons sur ce réseau de passerelles anciennes et entamons la descente vers la baie. Au fur et à mesure de notre progression, nous découvrons un réseau tentaculaire de passerelles et escaliers en bois reliant toutes les maisons les unes aux autres. Nous avons parcouru 7 km de ruelles en bois et cela semble à peine la moitié... 

Malgré une impression de laisser-aller (détritus, carcasses de bateaux, maisons faites de bric et de broc pour certaines), nous tombons sous le charme du village et ne regrettons absolument pas cette découverte. 


Prochaine étape : Villa O’Higgins, le bout du bout de la Carretera Australe.